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Les patrons sous l'Occupation

news article (L'Express, in French)

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Les patrons sous l'Occupation (French)
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Un cliché a la vie dure: les patrons français auraient beaucoup collaboré tout en ayant largement échappé à l'épuration. Hormis Louis Renault, mort le 24 octobre 1944 avant tout jugement, peut-être à la suite de mauvais traitements en prison, aucun nom d'industriel sévèrement sanctionné ne vient à l'esprit. Alors qu'on n'a aucun mal à évoquer hommes politiques, écrivains ou trafiquants condamnés à mort ou à de lourdes peines. Certaines affaires ont renforcé cette impression, tel le cas spectaculaire, mais loin d'être unique, de Pierre Brice, patron de l'entreprise de travaux publics Sainrapt & Brice, qui n'a pas passé un seul jour en prison. Son personnel et ses machines avaient pourtant beaucoup travaillé pour les Allemands, cas plutôt banal dans cette profession: 29,7% des dossiers examinés par la Commission nationale interprofessionnelle d'épuration concerneront ce secteur, qui ne pouvait guère cacher sa contribution aux travaux du mur de l'Atlantique! Mais, ce qui est déjà plus exceptionnel, Pierre Brice avait passé des accords d'association avec des entreprises allemandes et envoyé 450 employés français en Allemagne. Comble du comble, cet ingénieur s'était donné beaucoup de mal pour déposer en Allemagne son brevet le plus précieux. (French)
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Des familles célèbres d'industriels français, notamment les Michelin ou les Peugeot, ont participé à la guerre de l'ombre et en ont payé le prix jusque dans leur chair, de même que des responsables d'entreprise connus, comme Max Heilbronn, administrateur des Galeries Lafayette et spécialiste du sabotage des voies ferrées, ou Robert de Vogüé, dirigeant de Moët et Chandon et animateur d'un réseau de résistance, tous deux arrêtés et déportés dans des camps allemands. Le Conseil national du patronat français a été présidé après guerre pendant deux décennies par Georges Villiers, à qui ses activités antiallemandes valurent un séjour à Dachau. Et certains n'en sont pas revenus. (French)
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Certaines affaires ont renforcé cette impression, tel le cas spectaculaire, mais loin d'être unique, de Pierre Brice, patron de l'entreprise de travaux publics Sainrapt & Brice, qui n'a pas passé un seul jour en prison. Son personnel et ses machines avaient pourtant beaucoup travaillé pour les Allemands, cas plutôt banal dans cette profession: 29,7% des dossiers examinés par la Commission nationale interprofessionnelle d'épuration concerneront ce secteur, qui ne pouvait guère cacher sa contribution aux travaux du mur de l'Atlantique! Mais, ce qui est déjà plus exceptionnel, Pierre Brice avait passé des accords d'association avec des entreprises allemandes et envoyé 450 employés français en Allemagne. Comble du comble, cet ingénieur s'était donné beaucoup de mal pour déposer en Allemagne son brevet le plus précieux. Rien d'étonnant si le non-lieu qu'il obtint en 1948 devant la cour de justice de la Seine a suscité un scandale, provoquant un débat houleux à l'Assemblée et une demande de mutation (assimilable à une démission) de Raymond Lindon, le procureur chargé des grands dossiers économiques. (French)
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A la fin de l'été 1944, ils étaient des centaines à attendre dans une cellule qu'on veuille bien vérifier les dires de leurs dénonciateurs. Beaucoup y étaient encore en octobre 1945, quatorze mois après la libération de Paris. Quand on compulse d'innombrables dossiers d'épuration, on finit même par déceler l'existence d'un curieux «club patronal de Fresnes» qui explique certaines nominations surprenantes d'après guerre. On découvre ainsi que, si René Bousquet, l'ancien secrétaire général à la police de Vichy, a fait une carrière à la Banque de l'Indochine après son quasi-acquittement de 1949, c'est parce qu'il avait sympathisé en prison avec Paul Baudouin, l'ancien président de cet établissement. Si Georges Albertini, ancien secrétaire général du très collaborationniste Rassemblement national populaire de Marcel Déat, a retrouvé un emploi et des subsides à la banque Worms, c'est également pour avoir fait la connaissance d'Hypolite Worms à Fresnes. (French)
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Les industriels de l'aluminium, notamment Alais, Froges et Camargue, l'ancêtre de Pechiney, ont fourni aux Allemands la plus grande partie d'une production vitale pour l'aéronautique nazie. Mais ils ont toujours pris soin d'être officiellement couverts par l'administration de Vichy lors de chaque livraison. (French)
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L'attitude de quelques grands groupes laisse franchement perplexe. Tout s'y passe comme si l'on y avait eu en permanence deux fers au feu. Sans qu'on puisse d'ailleurs le démontrer ni même supposer qu'il s'agissait véritablement d'une stratégie consciente. A L'Air liquide, par exemple, l'un des deux fondateurs, Georges Claude, s'adonne à une propagande effrénée pour la collaboration, mais on saura le faire démissionner au bon moment, en 1943, juste avant qu'il ne soit trop tard. L'autre, Paul Delorme, un homme plus neutre, n'en refuse pas pour autant les commandes allemandes. Et son fils, Jean, dirige un temps l'Office central de répartition des produits industriels, qui planifie la distribution des matières premières sous l'autorité des Allemands. Un poste compromettant. Mais on découvrira opportunément, après guerre, que Jean Delorme renseignait les services secrets alliés - il sera effectivement décoré - et faisait donc un successeur très convenable à son père. Ce qui s'avérera d'une grande utilité quand il s'agira de contrer la menace de nationalisation du groupe, peu après la Libération. (French)
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La chasse à l'«influence juive» L' «élimination de l'influence juive dans l'économie française» - que réclame le premier article d'une loi promulguée par le cabinet Darlan en juillet 1941 - a été menée implacablement par Vichy, d'abord pour le compte des Allemands, puis pour le sien. L' «aryanisation économique» consistait à épurer «ethniquement» non seulement le capital, mais aussi le personnel (les dirigeants, ainsi que les employés «en contact avec le public») des affaires «juives» ou supposées receler une «influence juive». Les patrons juifs qui n'ont pas été expropriés le doivent parfois à des opérations d'aryanisation simulée, mais le plus souvent à l'inefficacité de l'administration dans la seconde moitié de l'Occupation: sur les 42 639 dossiers ouverts, 18 000 seulement étaient traités à l'été 1944. Mais la «solution finale» en matière d'économie - l'expression a été employée par le responsable allemand de l'aryanisation, le Dr Blanke - n'était plus alors qu'une question de temps. (French)
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La «régulation de la concurrence» par l'aryanisation atteint un sommet dans le secteur de l'ameublement, où le responsable du service de gérance des maisons israélites du Groupement national de l'ameublement demande qu'on prenne des mesures contre la maison Lévitan et les Galeries Barbès. Le Commissariat général aux questions juives rédigera même un «rapport scientifique» où il n'hésitera pas, en s'appuyant sur le cas des Galeries Barbès avant et après leur aryanisation, à comparer longuement la «gestion juive» et la «gestion aryenne», pour conclure à l'écrasante supériorité de la seconde... Plusieurs dizaines de milliers de comptables - et autres personnages souvent encore moins qualifiés pour diriger des entreprises - vivront pendant ces années-là de leurs fonctions d'administrateur ou de commissaire-gérant de biens juifs. Un nombre équivalent de postulants à la reprise des mêmes biens - parmi lesquels de grands noms du monde de l'industrie et du commerce - tenteront de profiter des meilleures occasions, parfois après de véritables batailles entre candidats (French)
 
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